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Renée Vidal et la Sybille

Histoire d’une cantatrice d’aqui

Sur les balcons nord du Canigó en descendant de Bélesta vers Ille sur Têt, un détail insolite retient l’attention. Une flèche dressée vers le ciel se détache de l’horizon. Pour s’en approcher, pas de chemin, pas d’indication… juste ce petit panneau au bord de la route : « La Sybille ».

Un peu plus loin, une demeure aux allures de château se démarque : Le château de la Sybille.

Le lien entre ces deux curiosités ? La diva Renée Vidal.

caveau de la sybille entre bélesta et ille sur têt en roussillon conflent dans les pyrénées orientales avec le forca real en toile de fond

Renée Vidal

Photo de Renée Vidal en costume pour son rôle dans Aida en 1891

De son vrai nom Zélia, Rose, Claudine Vidal, Renée Vidal était une cantatrice originaire de Bélesta née en 1861 connue entre la fin du XIXème et le début du XXème pour son rôle dans de grandes pièces classiques d’opéra. Voix de contralto remarquée, elle voyagea de la Russie au Portugal en passant par l’Italie et reçut les faveurs de la haute société parisienne sans jamais oublier ses racines. Exemple de sa générosité et de son attachement à ses origines, elle se représenta gracieusement face aux familles touchées par le choléra à Ille sur Têt en 1884 puis à plusieurs reprises chez des particuliers dans la région.

portrait de renée vidal pour son rôle dans Aida en 1891 par les ateliers Nadar

Portrait de Renée Vidal pour Aïda – 1891 – Atelier Nadar

portrait de renée vidal pour son rôle dans Hamlet en 1891 par les ateliers Nadar

Portrait de Renée Vidal pour Hamlet – 1891 – Atelier Nadar

Le château de la Sybille

photo de 1907 du château de la sybille entre ille sur Têt et Bélesta

Photo du château de la Sybille par Lydie Robin – 1907

A la demande de Renée Vidal, le château de la Sybille a été construit en 1889 et dispose de 2 grandes pièces – une par étage – pour les réceptions et concerts que donnait à demeure la diva. Au milieu d’un parc somptueusement aménagé entre 1890 et 1891, ce paradis dominant le site des Orgues d’Ille était un havre de paix où ont été reçues célébrités, politiciens et artistes. C’est dans ce château que Renée Vidal s’éteindra précocement le 26 septembre 1911 à l’âge de 50 ans.

Aujourd’hui le château est une propriété privée qu’il n’est malheureusement pas possible de visiter.

carte postale du château de la sybille avec le canigo en toile de fond en 1905

Carte postale du château de la Sybille avec le Canigó – Edition Coudere – 1905

Le tombeau de la Sybille

les deux caveaux de la sybille entre ille sur tet et belesta en roussillon conflent dans les pyrenees orientales

Cette fameuse flèche tendue vers les cieux qui surplombe la route est en fait la résidence posthume de son père, Narcisse Vidal, fervent républicain opposé au coup d’Etat de Louis-Napoléon en 1851. Poursuivit, il se cacha aux milieux des chaos granitiques qui surplombent la Têt et fut malheureusement retrouvé et jugé. Le mausolée dans lequel il repose a donc été construit par sa fille en 1893 à l’emplacement même de la cachette où il s’était réfugié.

plaque et épitaphe de Narcisse Vidal sur le mausolée de la sybille entre bélesta et ille sur Têt en roussillon conflent

Stèle en hommage à Narcisse Vidal, père de Renée Vidal

Accolé, un second caveau sera réservé pour Renée mais aussi pour son époux, sa mère et sa sœur qui sera le dernier membre de la famille dont le trépas sonna l’heure de la fermeture définitive de la sépulture.

Depuis cette structure funéraire, il est possible d’embrasser d’un seul regard la plaine du Roussillon, le massif du Canigó avec les Orgues d’Ille en premier plan. Le panorama est époustouflant! Si vous poursuivez votre aventure jusqu’à la table d’orientation, vous surplomberez le site des Orgues officiel et les fameuses Orgues de la Sybille.

Point de vue sur le canigo et les orgues d'ille depuis la Sybille entre bélesta et ille sur Têt en roussillon conflent dans les pyrénées orientales

Sources :

Jean RIFA. 2011 « Renée Vidal (1861-1911) La Cantatrice au tragique destin », Cahier des Amis du vieil Ille, N°195, p. 19

https://www.lindependant.fr/2012/01/13/la-sybille-comme-un-decor-d-opera,105512.php