Renée Vidal et la Sybille
Histoire d’une cantatrice d’aqui
Sur les balcons nord du Canigó en descendant de Bélesta vers Ille sur Têt, un détail insolite retient l’attention. Une flèche dressée vers le ciel se détache de l’horizon. Pour s’en approcher, pas de chemin, pas d’indication… juste ce petit panneau au bord de la route : « La Sybille ».
Un peu plus loin, une demeure aux allures de château se démarque : Le château de la Sybille.
Le lien entre ces deux curiosités ? La diva Renée Vidal.

Renée Vidal
![Renée_Vidal_Opéra_[Aïda]___[...]Atelier_Nadar_btv1b531634539 Photo de Renée Vidal en costume pour son rôle dans Aida en 1891](https://www.tourisme-roussillon-conflent.fr/wp-content/uploads/2022/08/Renee_Vidal_Opera_Aida___...Atelier_Nadar_btv1b531634539.jpeg)
De son vrai nom Zélia, Rose, Claudine Vidal, Renée Vidal était une cantatrice originaire de Bélesta née en 1861 connue entre la fin du XIXème et le début du XXème pour son rôle dans de grandes pièces classiques d’opéra. Voix de contralto remarquée, elle voyagea de la Russie au Portugal en passant par l’Italie et reçut les faveurs de la haute société parisienne sans jamais oublier ses racines. Exemple de sa générosité et de son attachement à ses origines, elle se représenta gracieusement face aux familles touchées par le choléra à Ille sur Têt en 1884 puis à plusieurs reprises chez des particuliers dans la région.

Portrait de Renée Vidal pour Aïda – 1891 – Atelier Nadar

Portrait de Renée Vidal pour Hamlet – 1891 – Atelier Nadar
Le château de la Sybille

Photo du château de la Sybille par Lydie Robin – 1907
A la demande de Renée Vidal, le château de la Sybille a été construit en 1889 et dispose de 2 grandes pièces – une par étage – pour les réceptions et concerts que donnait à demeure la diva. Au milieu d’un parc somptueusement aménagé entre 1890 et 1891, ce paradis dominant le site des Orgues d’Ille était un havre de paix où ont été reçues célébrités, politiciens et artistes. C’est dans ce château que Renée Vidal s’éteindra précocement le 26 septembre 1911 à l’âge de 50 ans.
Aujourd’hui le château est une propriété privée qu’il n’est malheureusement pas possible de visiter.

Carte postale du château de la Sybille avec le Canigó – Edition Coudere – 1905
Le tombeau de la Sybille

Cette fameuse flèche tendue vers les cieux qui surplombe la route est en fait la résidence posthume de son père, Narcisse Vidal, fervent républicain opposé au coup d’Etat de Louis-Napoléon en 1851. Poursuivit, il se cacha aux milieux des chaos granitiques qui surplombent la Têt et fut malheureusement retrouvé et jugé. Le mausolée dans lequel il repose a donc été construit par sa fille en 1893 à l’emplacement même de la cachette où il s’était réfugié.

Stèle en hommage à Narcisse Vidal, père de Renée Vidal
Accolé, un second caveau sera réservé pour Renée mais aussi pour son époux, sa mère et sa sœur qui sera le dernier membre de la famille dont le trépas sonna l’heure de la fermeture définitive de la sépulture.
Depuis cette structure funéraire, il est possible d’embrasser d’un seul regard la plaine du Roussillon, le massif du Canigó avec les Orgues d’Ille en premier plan. Le panorama est époustouflant! Si vous poursuivez votre aventure jusqu’à la table d’orientation, vous surplomberez le site des Orgues officiel et les fameuses Orgues de la Sybille.

Sources :
Jean RIFA. 2011 « Renée Vidal (1861-1911) La Cantatrice au tragique destin », Cahier des Amis du vieil Ille, N°195, p. 19
https://www.lindependant.fr/2012/01/13/la-sybille-comme-un-decor-d-opera,105512.php